Rapport

Rapport annuel de la Banque de France 2021

Mise en ligne le 17 Mars 2022
Siège - Façade rue de la Vrillière - Fronton

Par François Villeroy de Galhau

Au moment où nous présentons ce Rapport annuel, l’attaque militaire russe contre l’Ukraine constitue une violation très grave des principes fondateurs de l’ordre européen et international. Face à ces atteintes à la paix et à la sécurité aux portes de l’Europe, les autorités publiques sont pleinement mobilisées pour agir avec force et détermination. La Banque de France et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution sont naturellement des acteurs engagés, dans leur domaine de compétence, l’unité dans l’action économique et financière se révélant une arme particulièrement efficace.

Auparavant, l’année 2021 avait été, après le choc de 2020, à nouveau une "année Covid". La pandémie s’est prolongée plus longtemps qu’attendu, mais l’économie s’est redressée mieux encore qu’espéré. Ce Rapport annuel atteste que la Banque de France est restée exceptionnellement engagée, dans une année pleine de paradoxes. La France a affiché un taux de croissance de 7 % – le plus élevé depuis 52 ans et l’un des plus forts en Europe – et près de 650 000 créations d’emplois en un an, mais encore 2,2 millions de personnes au chômage, dont près de 500 000 jeunes, avec cependant de nombreuses entreprises qui peinent à recruter. La dette publique représente 115% du PIB tandis que les ménages disposent d’un surplus d’épargne financière accumulé d’environ 170 milliards d’euros. Face à cette situation contrastée et en dépit des risques de tous ordres à l’horizon, la Banque de France aborde résolument l’avenir : elle a appris de cette période sans précédent, et a fait preuve d’une réactivité et d’une efficacité renouvelées, en étant encore plus proche des Français, à l’écoute des entreprises et des ménages. Les 9 300 femmes et hommes de la Banque de France ont mobilisé l’arsenal de leurs compétences sur l’ensemble du territoire.

C’est à eux que ce Rapport annuel est d’abord dédié, à leur travail que je veux chaleureusement saluer. Ils sont animés par un fort sens du service public, dont la crise nous a montré combien il était indispensable. Mais un service public visible, innovant, performant, à rebours des clichés trop faciles et injustes. Un service public qui attire – 400 recrutements en 2021 – et qui mérite reconnaissance de ses gains de productivité : nous avons conclu l’an dernier plusieurs accords sociaux innovants, sur le télétravail, la gestion des emplois et des parcours professionnels, la formation, l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, la prévoyance collective. Les femmes et les hommes de la Banque de France sont forts de leurs compétences, et surtout parce qu’ils croient à leurs missions.

Des missions au service de la stratégie monétaire, d’abord : grâce aux programmes d’achats de titres de l’Eurosystème et au maintien de taux d’intérêt très bas, l’économie a été financée et des centaines de milliers d’emplois ont été préservés. Efficaces pour lutter contre le risque de déflation, nos outils de politique monétaire le seront également pour lutter contre la hausse actuelle de l’inflation, accrue par l’invasion de l’Ukraine. Au moment où nous célébrons les 20 ans de l’euro fiduciaire, la Banque de France et l’Eurosystème poursuivent leur stratégie de sécurité et d’innovation. Les billets en euros sont des moyens de paiement sûrs, et un symbole tangible de la réussite de l’euro, saluée par 74 % des Français. Leur déploiement s’accompagne de la préparation d’un euro numérique, car les banques centrales de la zone euro connaissent l’attachement des citoyens aux billets, mais aussi leur besoin d’évolution et de modernité.

La pandémie et la crise géopolitique que nous traversons ont également montré qu’un système financier stable et efficace est une partie de la solution, face à une crise dont la source ne se trouve pas cette fois dans la finance. Avec l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et le Haut Conseil de stabilité financière, la Banque de France a exercé une surveillance rapprochée des risques, et les bons résultats des six principaux groupes bancaires français témoignent de l’efficacité de notre supervision. Les risques, qui ont diminué à court terme, se sont néanmoins reportés vers le moyen et long terme. S’y ajoutent des défis plus structurels pour la stabilité du système financier comme le risque cyber, le financement de la transition écologique, la transformation numérique et la montée en puissance de l’intermédiation non bancaire. Le rôle actif de la Banque de France et de l’ACPR dans les enceintes européennes et internationales au service de la prise en compte des enjeux climatiques s’est traduit par des avancées indispensables pour l’avenir. Ainsi, nous progressons vers un cadre harmonisé de publication d’informations extra-financières; après l’exercice pilote de l’ACPR en mai 2021, un premier test de résistance climatique des banques européennes va être lancé en 2022. La politique monétaire elle-même va être "verdie", aux termes de la revue stratégique de l’Eurosystème conclue en juillet dernier. Quant à l’engouement pour les cryptoactifs, il suscite une montée des risques et nécessite donc la mise en œuvre d’un cadre réglementaire adapté.

L’année 2021 a finalement moins affecté les entreprises et les ménages qu’on ne pouvait le craindre. La Banque de France y a contribué par ses services à l’économie. Grâce à son réseau de succursales et sa connaissance du tissu économique local, elle a contribué à identifier et soutenir les entreprises les plus fragiles, et à préserver plus de 21 000 emplois grâce aux Médiateurs du crédit. L’action des correspondants start-up a accompagné la forte dynamique de la Tech française. Dans sa cotation de 300 000 entreprises, la Banque de France a évité les dégradations automatiques, et mis en lumière la bonne résilience des entreprises et PME françaises. Pour les particuliers aussi, la Banque a eu à cœur de mettre en œuvre les dispositifs facilitant la meilleure inclusion financière : la lutte contre le surendettement, le droit au compte, le microcrédit ont ainsi aidé à réduire les risques d’exclusion financière. Plus de quatre millions de clients en situation de fragilité financière ont bénéficié du plafonnement des frais d’incidents bancaires. Orienter les publics et les informer, développer l’éducation économique et financière des plus jeunes sont aussi des missions importantes de notre banque centrale, qu’elle a également fait rayonner grâce à Citéco, la Cité de l’économie installée à Paris.

Pour accomplir au mieux ses missions, la Banque de France s’est dotée d’un nouveau plan stratégique "Construire ensemble 2024", destiné à renforcer ses services autour de quatre axes : soutenir l’économie, servir la société et l’Europe, assurer l’avenir et être une entreprise attractive. En cohérence avec ses engagements, la Banque de France s’est dotée de nouvelles ambitions pour sa responsabilité sociale et environnementale : sobriété numérique, maîtrise de son empreinte environnementale par limitation des émissions de gaz à effet de serre liées aux consommations d’énergie et aux déplacements, initiatives collaboratives et mécénat culturel. L’année 2021 a été une belle année de solidarité.

Utile dans ses missions et performante dans sa gestion, la Banque de France veut rester le repère qu’elle a su être depuis… 222 ans. L’année présente s’ouvre dans des conditions plus incertaines encore que l’an dernier, mais avec une conscience renforcée de la force de l’Europe lorsqu’elle agit face aux menaces. Dans un contexte de montée de l’inflation en Europe, plus que jamais, la Banque de France assurera son rôle, celui d’une institution de confiance et de stabilité au service des Français.

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