Rapport

Rapport annuel de la Banque de France 2020

Mise en ligne le 23 Mars 2021
Siège - Façade rue de la Vrillière - Fronton

Par François Villeroy de Galhau

L’année 2020 restera l’année du choc Covid. Menacés par la maladie, nos sociétés et leurs dirigeants ont réagi vigoureusement : aux mesures d’urgence succèdent les plans de relance. Le Rapport annuel rend compte des actions entreprises par la Banque de France pour tenir ses missions, maintenir la confiance dans la monnaie et assurer le bon financement de l’économie. Pour les 9 500 femmes et hommes de la Banque de France, 2020 a été l’année des défis mais aussi une année de fiertés. Défi de basculer en deux jours massivement en télétravail à la mi‑mars, et de répondre présents sur tous les "fronts" et dans tous les territoires où nous étions attendus. Mais fierté d’avoir ainsi fait notre devoir au service du pays et d’en avoir été reconnus; et fierté d’avoir mené à bien notre plan de transformation "Ambitions 2020", en temps et en heure malgré la crise. Que tous les cadres et les agents de la Banque de France en soient chaleureusement remerciés.

La Banque de France est en effet un socle de stabilité qui a aidé à amortir la brutalité de la crise. En zone euro, la récession a été de 6,8 % en 2020. En France, la perte d’activité a été violente lors du premier confinement du printemps, mais limitée à 8,2 % sur l’année, grâce au rebond exceptionnel observé au troisième trimestre. L’amortisseur public a joué massivement, pour bâtir un "pont de financement" pour toutes les entreprises et préserver globalement le pouvoir d’achat des ménages. En conséquence, la dette publique française a dépassé 115 % du PIB à fin 2020. Un taux aussi élevé peut‑il être soutenable? Oui si l’économie se redresse et si une trajectoire mieux maîtrisée de coûts publics recrée des marges de manœuvre. Le plan de relance exceptionnel de l’Union européenne annoncé en juillet 2020 pour 750 milliards d’euros en sera un ciment, ciment dont la qualité dépend de la sélectivité des investissements d’avenir.

2020 a été une année très éprouvante sur les plans sanitaire et humain, très rude pour la perte d’activité. Mais elle a aussi été l’année de l’intensification des tendances antérieures : numérisation et utilisation des technologies au service d’une économie qui innove; verdissement et actions pour une économie plus vertueuse et durable. La Banque de France y a contribué : notre réseau des banques centrales et des superviseurs adhérant au NGFS (Réseau pour le verdissement du système financier) s’est étoffé et compte désormais plus de 80 membres, dont la Réserve fédérale américaine depuis le 12 décembre 2020. Elle a intensifié sa politique d’investissement responsable et s’est engagée à sortir complètement des investissements liés au charbon d’ici 2024.

Nous nous battons surtout pour être toujours davantage un service public performant, résilient et accessible. Les fonctions de support – dont les RH, l’immobilier et la logistique, l’informatique – ont été au cœur de la mobilisation en 2020. La Banque de France a poursuivi sa transformation interne pour affecter en priorité l’argent public au meilleur service à la collectivité, là où les besoins sont les plus forts. Elle a limité ses frais de gestion et réduit ses dépenses d’activité, tout en continuant à recruter, plus de 380 nouveaux talents en 2020. En ayant atteint ou dépassé la totalité des repères d’Ambitions 2020, elle a montré qu’un triangle de réussite au service de tous était possible : moins de coûts, davantage de services, un réseau territorial maintenu.

Ce travail de fond, incontestablement exigeant, et cette contribution au bien commun ont été accomplis au travers de nos trois principales missions, les trois "S" : stratégie monétaire, stabilité financière, services à l’économie et à la société.

En matière de stratégie monétaire, la Banque de France a participé activement, au sein de l’Eurosystème, à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une politique monétaire anti‑crise ; elle a réagi de façon immédiate, massive et efficace – et par l’intermédiaire des banques et des marchés –, pour refinancer les ménages, les entreprises et les États à taux bas et éviter le blocage du financement de l’économie. Les économistes, les opérateurs de marché, les équipes de la Banque de France dans les régions ont uni leurs forces pour y parvenir. Les prêts d’urgence garantis par l’État, d’un montant total de 130 milliards d’euros, ont été bien orientés vers les PME. La Médiation du crédit est intervenue auprès de plus de 14 000 entreprises, quinze fois plus qu’habituellement, aidant ainsi à préserver près de 80 000 emplois. Les billets de banque, de qualité, ont approvisionné l’ensemble du pays, même au plus fort du confinement.

S’agissant de la stabilité financière, les succès sont également le fruit d’un travail conjoint, celui notamment de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution et des experts du Haut Conseil de stabilité financière. Si une crise financière a cette fois été évitée, c’est aussi grâce à la solidité renforcée de nos banques et assurances, bien contrôlées et soumises à des règles de capital minimum strictes. Tant sur le plan macro‑ que microprudentiel, les équipes ont assuré le suivi des établissements, anticipé les risques, soumis les banques à des stress tests. La Banque de France prépare l’avenir, avec la finalisation nécessaire des accords de Bâle 3 pour les banques et la revue de Solvabilité 2 pour les assurances. Le futur s’invente à travers les travaux exploratoires sur une possible monnaie numérique de banque centrale, visant à préserver toujours sécurité, modernité, et liberté de choix des moyens de paiement.

Avec les services à l’économie et à la société, la Banque de France est restée proche des citoyens sur l’ensemble du territoire grâce au développement de l’offre en ligne aux particuliers et aux PME. Le réseau s’est remarquablement mobilisé, dans chacun des départements. La lutte contre le surendettement des ménages, l’éducation économique et financière, le droit au compte sont des actions de terrain qui ont protégé les plus vulnérables et ouvert la voie à des décisions économiques et financières plus éclairées. Nous attendons avec impatience la réouverture de notre belle Cité de l’économie, Citéco, pour accueillir le public au cœur de Paris. La délicate campagne de cotation des entreprises a été menée en conciliant crédibilité et flexibilité; nos correspondants TPE‑PME ont traité plus de 12 000 demandes.

Nous avons commencé à développer de nouveaux formats pour éclairer le débat économique. Le succès rencontré par nos blogs, paroles d’experts, partagés sur les réseaux sociaux, attestent de l’intensité de la demande d’information par tous les publics, y compris les moins spécialistes. Nous allons donc amplifier ces actions, afin d’expliquer et de partager encore plus : notre nouvelle opération "La Banque de France à votre écoute" est un facteur d’efficacité autant qu’une exigence démocratique, et concerne plus que la politique monétaire.

La crise sanitaire et économique a mis en valeur l’engagement exemplaire des collaborateurs de la Banque de France. Elle nous a également rappelé, s’il en était besoin, que nous ne sommes légitimes qu’au service de nos concitoyens et de l’économie, en France et en Europe.

Nous saurons mobiliser à la fois la technologie ET l’humain, car ce sont nos voies d’avenir pour reconstruire une économie meilleure : plus durable, plus juste et plus qualifiée. Tel est le sens de notre prochain plan stratégique, pour construire ensemble la Banque de France de 2024.

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