Note : Le graphique montre l’évolution des actifs monétaires (ligne orange) résultant de l’évolution de la capacité/besoin de financement, des engagements et des placements financiers (barres). Les autres engagements comprennent les autres comptes à payer. Les autres placements financiers comprennent les dépôts et titres de créance à long terme, les actions et autres participations, les parts de fonds d’investissement hors fonds monétaires, les réserves techniques d’assurance, les autres comptes à recevoir.
La pandémie a eu un impact très marqué sur l’économie, en affectant les revenus et le comportement financier des agents économiques. Les ménages ont connu une très forte croissance de leur capacité de financement (ou ci-après "épargne financière"), ainsi qu’une augmentation de leurs actifs monétaires. Les encaisses monétaires détenues par les ménages ont augmenté de 9 % du PIB aux États-Unis, contre 3 % dans la zone euro. L’articulation entre actifs monétaires, épargne financière, autres engagements et arbitrages de portefeuille dans la zone euro et aux États-Unis peut être formalisée par l’identité suivante :
Monnaie = Capacité de financement + emprunts bancaires + autres engagements – autres placements financiers.
Les actifs monétaires détenus par un secteur augmentent avec sa capacité de financement, les prêts contractés, ou l’émission d’autres passifs (par exemple des actions et des titres de créance). Ils se réduisent à hauteur des placements financiers autres que monétaires (dépôts et titres de créance à long terme, actions et autres participations, parts d’OPCVM non monétaires et réserves techniques d’assurance).
La hausse de la capacité de financement des ménages s’explique par la combinaison de transferts publics très importants et d’une baisse de la consommation liée aux mesures de confinement. Cette hausse de la capacité de financement a constitué le principal moteur de la croissance des avoirs monétaires dans la zone euro et aux États‑Unis. Celle-ci a traduit l’émission massive de dette publique achetée par les institutions financières monétaires (IFM) pour financer des transferts aux secteurs détenteurs de monnaie (comme détaillé dans l’article "l'augmentation de la masse monétaire pendant la crise COVID : analyse et implications", Bulletin de la Banque de France 239/2, janvier-février 2022). Cependant, les arbitrages de portefeuille ont également joué un rôle dans cette dynamique, avec des différences entre les deux régions. Dans la zone euro, la dynamique monétaire a été atténuée par l’augmentation des achats d’actifs plus risqués : actions, parts d’OPCVM non monétaires et réserves technique d’assurance-vie. À l’inverse, aux États-Unis, la vente de titres de créance et de parts de fonds non monétaires a accentué l’accumulation d’actifs monétaires (voir barre violette - graphique 2). Le rôle des prêts bancaires a été négligeable dans des deux régions. Aux États-Unis, il ressort de l’enquête de la Fed sur les anticipations des consommateurs (mars 2021) que les ménages ont consacré un tiers du montant des chèques reçus dans le cadre du plan de soutien au remboursement de leur dette.